Musée d’Unterlinden à Colmar, Le retable d’Issenheim

Dans un cloître gothique du XIIIe siècle au cœur de Colmar se trouve le retable d’Issenheim, un chef d’œuvre de Matthias Grünewald réalisé entre 1512 et 1516. Ce polyptique représente dans une somptueuse douleur la vie de saint Antoine et du Christ. L’expressivité des personnages et l’intensité des couleurs exacerbent l’émotion tragique de cette scène religieuse. Et effectivement, ce retable a été commandé pour le maître-autel de l’église de la commanderie des Antonins d’Issenheim. Fondée au début du XIVe siècle, la commanderie d’Issenheim dépend de l’ordre hospitalier des Antonins. Cet ordre soigne les malades atteint du « mal des ardents » ou du « feu de Saint Antoine », qui provoque gangrène et convulsion. Le retable en représentant le supplice de la Crucifixion puis l’espoir de la Résurrection devait apporter du réconfort aux malades.

Le romancier Joris-Karl Huysmans évoquera dans l’un de ses romans sa rencontre avec l’œuvre :

«Là, dans l’ancien couvent des Unterlinden, il surgit dès qu’on entre, farouche, et il vous abasourdit aussitôt avec l’effroyable cauchemar d’un calvaire (…) avec ses buccins de couleurs et ses cris tragiques, avec ses violences d’apothéoses et ses frénésies de charniers, il vous accapare et vous subjugue ».