En moins de vingt ans (le premier nocturne date de 1827 et les deux derniers de 1846), Chopin a écrit une vingtaine de nocturnes, une spécialité qui lui valut une bonne part de sa gloire terrestre. En l’espèce, il ne fit, du moins au début, que suivre la mode en se plaçant dans le sillage de l’Irlandais John Field : à Paris et ailleurs, celui-ci soulevait l’enthousiasme du public des salons avec ses propres nocturnes dans lesquels un chant simple et mélancolique s’étire langoureusement sur un tapis d’arpèges. Sans doute aussi était il assez tentant pour Chopin, en passionné d’opéra italien qu’il était depuis sa jeunesse à Varsovie, de s’adonner à un genre qui, plus que tout autre, lui permettait de cultiver au piano un certain art du bel canto. Et cette forme libre par excellence, comme une « improvisation sous les étoiles », était par nature pour le musicien une invitation à la confidence intime. « C’est de la musique état d’âme […] et moins un cadre de composition qu’une façon de s’abandonner, de glisser vers un état de sensibilité diffuse. Dans les catégories du spleen, c’est aussi d’une certaine manière un état de grâce. Chopin n’a pas complètement évité l’écueil de ces épanchements crépusculaires, de ces harmonies du soir, de ces tendresses quelque peu immatérielles. C’est le tribut payé à l’époque… »40 Une époque où, communiant dans la recherche de la « note bleue », le public des salons sacrifiait volontiers à un rite qui voulait qu’on éteignît les lampes pour mieux se transporter dans les sphères.
En 1871, l’Américain James McNeill Whistler (1834-1903), qui vit à Londres, commence à peindre une série de vues de la Tamise de nuit, qu’il intitule d’abord Clairs de lune puis Nocturnes, en référence à la musique. Exécutées à l’atelier, après de longues phases d’observation sur le motif, ses œuvres se caractérisent par une grande économie de moyens, une palette réduite et une simplification des formes. Cette manière de travailler de mémoire lui permet de se dégager des choses vues pour restituer une image sublimée d’un lieu et d’un moment.
Dès leur exposition à Londres, Paris ou Bruxelles, les Nocturnes de Whistler connurent un immense succès. Ils exercèrent une véritable fascination sur toute une génération d’artistes : Walter Greaves, Charles Lacoste, Edwward Munch, Eugène Jansson, Vincent Van Gogh…
LIEU
Le Palais de l’Agriculture, 113 Promenade des Anglais, Nice.
ACCÈS
Tram : Arrêt Magnan / Bus ligne 6, 12, 32, 62, 87 – Arrêt Magnan / Parking public Magnan
Ligne 2
INTERVENANTS
Thibaud Epp (concert) ; Joël Scholtès (conférence)